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LBSKC-CRIAEAU R3: Quel peut être en effet l’apport de ces récits à la connaissance, sachant la contradiction qui existe entre le dit des témoignages de survivants et la part d’indicible qu’ilscontiennent,contradiction qui semblait presque impossible à surmonter à celui qui fut pourtant l’un de leurs grands archivistes ? Le même qui écrivait au sujet de Deir Zor : « je ne raconterai pas le massacre. Il faudrait tant de volumes pour cela ». Au-delà de la dimension platement quantitative de cette affirmation, celle-ci renvoie au problème plus fondamental de l’impossibilité pour les personnes visées par le crime (dont il fut) de représenter leur expérience, même si ce constat d’Andonian, qui résonne presque comme un aveu, est en contradiction flagrante avec l’effort déployé par des individus et des institutions arméniennes pour témoigner, faire témoigner, écrire et archiver les témoignages de
l’anéantissement. Mais ce constat des limites de la
représentation, que seules des personnes rescapées
pouvaient exprimer à l’époque, est, si l’on prolonge la
réflexion sur les « apports » des témoignages de victimes, certainement l’un des plus significatifs : en soulignant l’impossibilité intrinsèque de traduire une telle expérience, ils désignent par avance aux historiens du génocide les limites de leur savoir et de tout ce que les recherches sur les violences de masse pourront apporter à la connaissance historique.

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